Trois tables-rondes ont permis d’aborder les thématiques de l’information métiers et du sourcing, de la sécurisation des parcours, nécessairement multi-partenariale et de l’innovation pédagogique, avec deux CFA, le Conseil Régional, la Dreets, une Mission locale, l’Agefiph, Pôle emploi et Akto.
Depuis 2019, l’offre de formation s’est fortement étoffée, souligne Lucie Schricke, chargée de mission régionale apprentissage à la Dreets : « la population des apprentis est plus âgée, elle s’est féminisée et a beaucoup augmenté dans l’enseignement supérieur. Mais nous devons travailler ensemble à rendre cette offre plus lisible et plus visible. » « La loi Avenir professionnel a élargi et diversifié l’offre en alternance, se réjouit Béatrice Martel, vice-présidente de la Fnadir Grand Est. Mais le nouveau système de financement rend plus difficile l’entretien et la rénovation du patrimoine immobilier des CFA. » La directrice du CFA ARSSM évoque également l’enjeu du sourcing, partagé par tous les acteurs, plaidant pour le développement d’initiatives telles que le Village des métiers et des formations (pendant la Foire de Châlons), qui réunit chaque année pendant 10 jours les entreprises, la Région, les CFA publics et privés…
Pour renforcer les actions de découverte des métiers, le Conseil régional s’appuie sur www.orientest.fr, qui héberge depuis peu un réseau d’ambassadeurs métiers (une centaine à ce jour ont été identifiés), auquel les enseignants du secondaire peuvent désormais faire appel. « La Région et le rectorat, qui coopèrent de longue date, ont également recensé 70 collèges volontaires pour impulser des visites de professionnels dans des classes de 5e, expose Clémence Nowak, cheffe du service orientation. Nous misons aussi sur la compétition mondiale Abilympics, organisée à Metz du 20 au 26 mars et couplée aux épreuves régionales des Worldskills, pour mettre en visibilité les métiers. »
De son côté, Pôle emploi propose des salons virtuels ou présentiels, des périodes de découverte professionnelle (via la rencontre entre une entreprise et un candidat, qui peuvent s’inscrire sur la plateforme Immersion facilitée), et « déploie un réseau de référents sectoriels (régionaux, territoriaux et par agence) sur les secteurs les plus en tension, dont la branche HCR », précise Éric Cligny, responsable du service entreprises en Grand Est. « Une opération portes ouvertes avec des professionnels de la branche a eu lieu à Strasbourg en juin 2022, dans plusieurs établissements, ajoute Florence Heitz, directrice régionale d’Akto. Elle s’est appuyée sur Pôle emploi et la Mission locale pour l’emploi de Strasbourg et de l’Eurométropole ».
Pour la directrice de cette Mission locale, Sylvie Schrenck, il est nécessaire de multiplier ces mises en situation et aussi de toucher d’autres publics. « Dans le cadre de Mission jeunes, notre convention de partenariat avec Akto, nous avons par exemple construit un programme de formation à destination de jeunes réfugiés, pour les former au métier de préparateur de commandes via des modules FLE, le Caces et un contrat de professionnalisation, en lien avec les agences de travail temporaire. »
Le CFA Cefppa a également mis en place un Sas en amont de la certification pour des candidats primo-arrivants, avec un positionnement préalable, une mise à niveau, un allongement du contrat en alternance et une adaptation des modalités pédagogiques. « Pour individualiser les parcours, nous avons entrepris une modularisation progressive de nos formations, qui passe notamment par une montée en compétences de nos 30 formateurs autour de la pédagogie de l’alternance et des nouveaux outils », explique Sébastien Malgras, directeur de l’organisme, qui dispense par ailleurs de nouvelles certifications, les titres à finalité professionnelle. Éligibles à l’apprentissage, ils constituent une alternative intéressante aux CQP (adossés aux contrats de professionnalisation), ont témoigné plusieurs CFA dans la salle.
Dernier enjeu évoqué : le développement de l’alternance pour les publics en situation de handicap, qui ont moins bénéficié que les autres du boom de l’apprentissage. « Le dispositif spécifique ‘Alternance Grand Est’, qui existe depuis 2019, peut être un levier, suggère Séverine Méon, déléguée régionale adjointe de l’Agefiph Grand Est. À partir d’un projet professionnel validé par un orienteur, nous pouvons, avec de nombreux partenaires, préparer les candidats (mises en situation), diagnostiquer leurs besoins et les adaptations éventuelles, les aider à trouver une entreprise et contribuer à la sécurisation de la période d’essai. »