La table-ronde a permis de mettre en lumière les actions visant à développer l’alternance sur les territoires, mais aussi certains freins qui restent à lever.
Pierre Molhérac-Jin, le référent apprentissage à la Dreets Occitanie, a dressé un bilan très positif de la loi du 5 septembre 2018 qui a permis la multiplication des OFA et CFA tout comme des apprentis. Une dynamique que l’État entend consolider. Pour cela, la Dreets a adopté une feuille de route pluriannuelle ayant pour ambition d’apporter des solutions concrètes aux freins que rencontrent aujourd’hui les apprentis et les acteurs de l’apprentissage dans la région. Les actions envisagées devraient se développer autour de 3 axes : poursuivre le développement de l’apprentissage, renforcer son rôle dans l’insertion des publics en difficulté et améliorer son efficacité.

Un bilan confirmé par Nadia Hamdi-Bey, chargée d’études au Carif-Oref Occitanie, qui a aussi noté une inversion de tendance depuis 2 ans avec désormais des volumes de formés plus importants sur les spécialités de services que sur celles de la production. Le Carif-Oref participe en outre à l’ambition de renforcement de l’apprentissage avec ses actions de professionnalisation des acteurs, notamment un « kit de l’apprentissage » et le lancement d’un cycle d’animations pour 2023. Au final, pour développer l’alternance en région, il faut que les acteurs s’outillent et aient « une approche collaborative et partenariale », a souligné Kristine Poirier, responsable du pôle Offre de Formation du Carif-Oref.
Les entreprises sont également convaincues de l’intérêt de l’alternance comme en a témoigné Fabien Darolles, président de l’Espace de propreté Sud-Ouest, une PME de près de 300 salariés. Toutefois, tous les freins ne sont pas levés. Si l’entreprise a fait le choix de l’alternance, elle se heurte à un manque de candidats en raison de métiers mal connus et peu attractifs, mais aussi de la lourdeur des procédures. Pour mener à bien ses projets, Fabien Darolles appelle à améliorer l’accompagnement des entreprises mais aussi à développer des aides au logement et à la mobilité des alternants que les entreprises ne peuvent pas prendre en charge.

Une question primordiale dans la mesure où plus du tiers des jeunes accueillis par la mission locale du Tarn-et-Garonne n’ont aucun moyen de locomotion. Au-delà de ces freins périphériques à l’entrée en formation, des outils sont développés pour accompagner les jeunes vers l’alternance, en commençant par leur faire connaître les dispositifs et en les inscrivant dans un parcours qui doit aller jusqu’à la sécurisation de l’entrée dans l’entreprise. Il faut que les entreprises accueillent ces jeunes qui, souvent, n’ont pas les codes du monde du travail. Dans ce cadre, le rôle du tuteur est primordial, a souligné Laetitia de Wever, sa responsable du secteur emploi-entreprises.
Pour accompagner les entreprises dans la gestion de leurs compétences, CCI formation Gers a décidé de créer son propre CFA en 2020. Pour mieux répondre à leurs besoins, le choix a été fait de s’appuyer sur les titres professionnels en descendant au niveau de la compétence professionnelle pour construire les parcours de formation destinés à combler le delta entre les compétences de l’alternant et les compétences visées. Une « offre sur mesure » avec des entrées et sorties permanentes qui a trouvé un public plus âgé que la moyenne des alternants et qui est plutôt en reconversion professionnelle, comme l’a souligné Valérie Valadié, la directrice de l’organisme.